En 1943, Henri, aujourd’hui Rédénois de 84 ans, avait dérobé avec Gilbert une caisse de munitions au nez et à la barbe d’Allemands.
Il a perpétré son acte en toute insouciance dans sa commune de naissance de Tréflez dans le Finistère-Nord, en bordure de mer. Une action qui reste encore bien gravée dans sa mémoire, car elle aurait pu coûter la vie à toute sa famille. Heureusement il avait caché le vol à ses parents et bien planqué à l’époque le précieux butin. Ni vu, ni connu.
« La division allemande avait installé près de chez nous un terrain d’entraînement, se souvient Henri. Il y avait des tranchées un peu partout. Avec mon copain Gilbert, on a voulu faire les curieux et on a dérobé cette caisse. On se doutait un peu qu’il y avait des armes ou des munitions là-dedans. On l’a enterré dans un terrain en face de chez nous avant de la récupérer un an plus tard au départ des Allemands. Cela faisait un paquet de balles. Après on les a trafiqués et on faisait sauter tout ça dans un goulet pour pêcher du poisson. Toujours aussi inconscients car on aurait pu
se blesser gravement ou même se tuer ».
Devoir de mémoire
Depuis, la caisse, comme ce marin au long cours qui a sillonné une bonne partie de la planète, a suivi son kidnappeur au fur et à mesure de ses pérégrinations. Jusqu’au sous-sol de sa maison où elle était enfouie depuis de nombreuses années. Comme les souvenirs du retraité qui viennent de resurgir de sa mémoire en la retrouvant par hasard.
« J’oublie beaucoup de choses, précise Henri. Mais là, plein de choses me reviennent. Il n’y a plus de munitions dans la caisse, mais à la place des outils de travail de mon père qui était menuisier-charpentier. Retrouver l’objet de ce vol peut paraître anecdotique, mais j’y suis très attaché. Beaucoup d’événements de cette époque reviennent en boucle. Je ne voudrais pas jeter cette caisse à la poubelle ».
Mais quoi en faire ? Avec son âge respectable (elle semble avoir été fabriquée en 1941-1942), la caisse avec un système d’ouverture original, est dans un parfait état de conservation. « Elle n’a qu’une valeur symbolique, poursuit Henri, mais si une association par exemple pouvait la récupérer, j’en serais ravi ». Pour que l’acte d’insouciance d’un gamin reste vivant.
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